
Le débat public global a l'échelle d'un territoire a-t-il un avenir ? Marc Papinutti, le président de la Commission Nationale du Débat Public a répondu à nos questions.
Dans quel état d'esprit avez vous abordé le premier débat global mené sous l'égide de la CNDP ?
J'étais très favorable et enthousiaste, convaincu par le principe avant même que la loi soit votée. A mon arrivée à la CNDP en 2023, j'ai vu qu'il se passait plein de choses à Fos avec plusieurs maîtres d'ouvrage et différents projets plus ou moins matures, sur un territoire unique. Lorsque nous avons été saisis par le préfet, un an plus tard, nous nous sommes tous mobilisés pour organiser ce débat, qui fut d'une grande qualité.
Quels étaient les enjeux à Fos ?
Après 40 ans de stabilité industrielle, la politique de réindustrialisation en cours interroge dans de nombreux domaines. Cela pose des questions de cumul des impacts sur l'eau, l'air, l'énergie, l'espace, les personnes, les emplois, les mobilités. Pour les porteurs de projet, ce sont des défis qu'ils n'ont pas l'habitude d'appréhender dans leur globalité.
L'organisation d'un débat mutualisé de territoire sur ces thèmes, ce n'est pas pour le plaisir de débattre, mais pour que le public ait une information complète et une vision d'ensemble sur l'évolution d'une zone industrielle et la possibilité d'exprimer son point de vue.
Quelles conclusions tirez-vous de ce débat global de Fos Berre Provence ?
Certes, l'organisation d'un débat sur 51 projets de ce type est un peu compliquée, notamment dans un calendrier contraint par des d'échéances électorales, comme ce fut le cas. Mais je me réjouis de la forte mobilisation que nous avons obtenue et de la grande qualité des contributions, et notamment des nombreux cahiers d'acteurs déposés. L'outil cartographique que nous avions mis en place était aussi particulièrement utile. On a parlé de l'avenir industriel du territoire avec toutes ses facettes et le public a pu mesurer ce que veut dire avoir un nouvel âge industriel dans le territoire.
Maintenant, suite aux nombreuses questions du débat ouvert, il y a beaucoup d'attentes, et nous devons être attentifs à ce que des réponses soient apportées.
Quelles suite sera donnée à ce type de débats mutualisés ?
C'est à l'État que revient la décision de saisir à nouveau la CNDP pour ce type de processus. Rien n'est encore acté, mais d'autres territoires soumis à ces grandes transformations pourraient être concernés, je pense notamment à Dunkerque, à la vallée de la Seine ou à l'estuaire de la Loire. Ce sont des territoires en transformation et il n'est pas facile pour les habitants de comprendre les ambitions et ce que cela apporte.