Que penser du nouveau débat public de territoire ?
Retour d'expérience du débat Fos Berre Provence



Il s'est achevé le 13 juillet. C'était une première. Un débat public "global", sous l'égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), concernait pour la première fois l'ensemble d'un territoire. Relevant le pari d'embarquer dans une même procédure plus de 50 projets aux enjeux parfois variés et aux calendriers spécifiques. Un dispositif né de la loi Industrie Verte du 23 octobre 2023.

Saisie en décembre 2024 par les préfets des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence et du Gard, sur une liste principale de projets de décarbonation, la CNDP a organisé entre avril et juillet 2025 un « débat global », abordant à la fois l’ensemble des projets mais aussi la vocation de réindustrialisation et de décarbonation proposée par l’État pour le territoire. Un chantier ambitieux pour cette autorité indépendante plutôt coutumière des dispositifs de participation du public menés projet par projet, à mesure de leur nécessaire confrontation aux exigences du code de l’Environnement. Ce dispositif d’une cinquantaine d’événements a permis, en l’espace de trois mois et demi, de rencontrer 5200 participants et de recueillir près de 500 contributions et 138 cahiers d’acteurs rédigés collectivement. 

RTE, le réseau de transport d’électricité était particulièrement concerné par ce projet à la fois par la perspective d’une ligne à haute tension décriée en pays d’Arles, mais aussi par le nécessaire raccordement à bon nombre de projets fortement consommateurs d’électricité. 

Que disent les acteurs impliqués dans ce projet ? Pour Arcelor Mittal, l’un des principaux porteurs de projet du territoire, historiquement installé à Fos et en pleine transformation de ses activités locales, ce débat mutualisé est « un grand chaudron qui pose beaucoup de questions, toutes pertinentes », se souvient Binta Boy, porte-parole de l’industriel qui déplore cependant une participation relativement faible du grand public. « On retrouvait souvent les mêmes associations, élus et représentants de l’Etat ainsi que les autres porteurs de projet. Cela a permis d’adresser des thématiques plus globales comme la mobilité et le logement, mais la participation citoyenne était moins au rendez-vous », ajoute-t-elle.  

Certains participants et observateurs ont par ailleurs signalé la difficulté de se plonger dans le sujet, vaste, technique avec une documentation papier très abondante. « Il y a énormément à lire, énormément à comprendre, énormément de travail », exprimait l’un d’eux lors d’une réunion à Fos-sur-Mer en avril. Pour autant, beaucoup, qu’ils soient État, partenaires, porteurs de projets ou grand public, ont salué cette approche territoriale. « On ne peut pas prendre projet par projet, sinon il n’y aura pas de cohérence territoriale », estimait la présidente de la Métropole Aix-Marseille lors de la réunion d’ouverture.

Mission accomplie, si l’on en croit Binta Boy de Arcelor Mittal : « C’est un type de débat qui apporte une cohérence dans l’aménagement d’un territoire et structure l’avenir de nos régions. Les débats globaux ont cette force de réunir une variété d’acteurs pour bâtir cette vision d’ensemble qui touche à la qualité de vie, à l’économie, à l’emploi, aux mobilités, estime-t-elle. C’est l'élément nouveau par rapport aux concertations classiques. »